Jean Louis Debré livre: Je tape la manche (978-2702159002)
Jean-Marie Roughol a consacré plus de deux décennies à la vie dans la rue. Un soir, alors qu’il mendiait, il proposa à un cycliste de veiller sur son vélo. Ce passager du hasard n’était autre que Jean-Louis Debré, alors président du Conseil constitutionnel. De cette rencontre fortuite, puis d’autres qui suivirent, émergea une relation de confiance inédite entre l’homme sans domicile fixe et l’éminent juriste. Cette confiance mutuelle conduira Jean-Marie Roughol, soutenu par Jean-Louis Debré, à coucher sur papier le récit de sa vie.
À travers un témoignage brut et dépourvu d’autocélébration, ce « môme de la cloche » de 47 ans dévoile son parcours. De son enfance dans le XIXe arrondissement aux trottoirs huppés de la rue Marbeuf, il retrace des années de lutte : une jeunesse tumultueuse, les premiers appels à la générosité publique, les liens d’amitié, les histoires d’amour éphémères et les enfants laissés derrière lui. Des squats aux entrées de métro, des parcs aux chambres d’hôtel sordides, son récit plonge le lecteur dans l’existence âpre des invisibles. Un monde marqué par la violence, la précarité et l’angoisse, mais aussi par l’ingéniosité, l’entraide et la camaraderie.
L’ouvrage lève également le voile sur les codes méconnus de la mendicité, dépeinte comme une activité structurée par des règles implicites. « Taquiner » ou « attendre le pèlerin » relève d’un véritable savoir-faire, exigeant de maîtriser un territoire et de rivaliser dans un marché concurrentiel. Si Jean-Marie Roughol décrit sans détour un univers impitoyable en pleine évolution, il confie paradoxalement redouter le jour où l’âge l’obligera à quitter la rue – une perspective qu’il anticipe avec une nostalgie préemptive.
Cette autobiographie offre ainsi une plongée sans concession dans les interstices de la marginalité, interrogeant notre rapport à l’humanité des exclus.
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